Les frères Bourgault, Médard, André et Jean-Julien, qu’on appelle familièrement « Les trois Bérets » parce qu’ils avaient tous trois l’habitude de porter un béret du lever au coucher sans jamais s’en séparer, sont à l’origine de la tradition de sculpture sur bois qui fait aujourd’hui la renommée de Saint-Jean-Port-Joli. Les sculptures des Bourgault, avec les tissages d’Émilie Chamard et les maquettes de bateau d’Eugène Leclerc, ont suscité un engouement significatif, ce qui a d’ailleurs valu à la municipalité d’avoir été surnommée, dès les années 40, la « capitale de l’artisanat ».
En 1933, en raison des retombées positives, ils décident d’ouvrir un atelier plus spacieux. En 1936, André fonde ce qu’il appelle un « atelier-école ». À l’automne 1940, sur la recommandation de Gauvreau, le Premier ministre Adélard Godbout, qui est aussi le député du comté de L’Islet, fait de l’atelier de Médard et de Jean-Julien la première École de sculpture subventionnée par l’État aux fins d’encourager la formation de « mains habiles » et de perpétuer la tradition de la sculpture sur bois. L’École suspend ses activités durant la Deuxième Guerre mondiale pour rouvrir en 1944 dans l’atelier d’André. Au décès d’André, survenu en 1958, Jean-Julien prend la direction de l’École. Durant toutes ces années, sans livres ni préparation pédagogique particulière, les frères Bourgault formeront, tout en poursuivant leurs travaux personnels, plusieurs générations de sculpteurs sur bois.
La sculpture, telle qu’initiée par les frères Bourgault, a connu en d’autres mains des destins différents. Quelques enfants de Médard, d’André et de Jean-Julien ont suivi les traces de leur père. Ils ont, tout comme plusieurs élèves de la première école des Bourgault et des écoles subséquentes, ouvert des ateliers en perpétuant cet héritage dans des voies qui souvent leur étaient propres. En parallèle, on vit aussi apparaître d’autres ateliers qui produisirent en série des figurines stéréotypées. À la fin des années 60, lorsque Jean-Julien cède l’École à l’un de ses fils, l’enseignement de la sculpture sur bois s’étend à d’autres matériaux et évolue vers des formes plus contemporaines. En 1992, l’École-atelier de formation en sculpture devient le Centre de sculpture Est-Nord-Est, un organisme voué à la création et à la production en art contemporain qui reçoit des artistes en résidence. En 1984, Saint-Jean-Port-Joli est l’hôte du Symposium international de sculpture contemporaine qui regroupe treize artistes de renom en provenance de sept pays. En reconnaissance du patrimoine artistique laissé par les frères Bourgault et de leurs successeurs, la municipalité organise depuis 1994 l’Internationale de la sculpture.1
Dans sa jeunesse, Médard Bourgault (1897 – 1967) navigue sur le Saint-Laurent et dans les Maritimes, ainsi qu’en Europe et le long des côtes de l’Afrique en 1917 alors qu’il est du nombre des recrus pendant la Première Guerre mondiale. Ses intérêts artistiques débutent vers l’âge de 17 ans. Il explique aussi avoir été stimulé en bas âge par son ami et conseiller Arthur Fournier (1863-1931), meublier et sculpteur au canif, gardien d’une riche tradition orale. Dans son journal, il raconte avoir été marqué lors d’un contrat de réparation de l’église paroissiale par les sculptures qui l’ornaient. « J’étudiais, dit-il, toutes les sculptures avec soin et attention, surtout le midi sur l’heure de repos. J’exerçais même un peu mon art à réparer les chapiteaux et des feuilles qui avaient été brisées. J’étais au comble du bonheur. » Médard a un cheminement d’artiste autodidacte et il poursuit des recherches personnelles sans égard aux nouvelles tendances artistiques. Marius Barbeau, de passage dans la région en 1929, s’arrête chez Médard, interpellé par les sculptures qu’il a disposées sur son parterre. Cette rencontre incite Médard à sortir de son isolement et l’encourage à poursuivre les initiatives qu’ils avaient entamées et qui lui permettraient de vivre de son art.
Tout à coup, une idée me vint. Pourquoi me décourager? Mais je vais sculpter et vendre mes sculptures aux touristes qui passent, voilà tout! Le lendemain, je me mis au travail. Je commençai à sculpter de petites statuettes de paysans. Je sculptai un attelage de bœuf. Quand j’eus eu une certaine quantité, à l’aide d’un panneau, je me fis une table près du chemin. J’y installai mes pièces. Enfin, ça marchait. Je m’encourageais d’un jour à l’autre.
Au cours des années suivantes, Barbeau lui donne appuis et conseils et le fait connaître auprès de différents réseaux de collectionneurs. Malgré sa popularité croissante, Médard se réserve des moments d’intimité. Pieux, il aime réfléchir et méditer. Amant de la nature, il se réfugie, en bas de sa résidence, dans son chalet qu’il orne de créations souvent fantasmagoriques.
Les sculptures de Médard témoignent d’une culture populaire régionale. Essentiellement figuratives et symboliques, elles mettent en scène coutumes, scènes du terroir et acteurs du quotidien. Entre 1930 et 1960, Médard se consacre surtout à l’art religieux. Ses œuvres sont destinées aux églises, chapelles et couvents. Dans l’église de Saint-Jean-Port-Joli, classée Monument historique en 1963, les sculptures de Médard (la chaire, le bas-relief de la Sainte Famille, les statues de Sainte Anne, du Christ Roi, de Saint Jean-Baptiste et de Saint François d’Assise) côtoient celles de ses grands prédécesseurs des XVIIIe et XIXe siècles qu’ont été Pierre-Noël Levasseur, François Baillairgé et Chrysostome Perrault. Médard est reconnu comme l’un des spécialistes du thème de la mort de Jésus-Christ. Il crée 88 chemins de croix au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et aux États-Unis. Le plus fignolé serait celui de l’église de L’Islet-sur-Mer. Médard aménage aussi un rocher sur son terrain à la manière d’un sanctuaire, où nichent des statues de Notre Dame de la Falaise, de Saint Jean-Baptiste et de Saint François d’Assise. « Un jour, rapporte l’abbé Albert Tessier, je restai tout saisi devant une délicieuse madone, naïve et simple, qui portait sur son socle une attribution nouvelle: Notre Dame des Habitants. Chaussée de “souliers de beu”, les épaules couvertes d’un châle à franges, la Vierge des habitants tenait dans ses mains une gerbe de blé et une miche de pain. » Par l’entremise de l’ouvrage américain The World’s Great Madonas, cette madone connaît une visibilité internationale. Médard tente, avec les années, d’imposer un vocabulaire artistique à l’image de ses convictions.
On m’arrive avec une petite image ou une statuette, et toujours la même chose : « Pourriez-vous me faire quelque chose pour approcher cela autant que possible ? ». Il faut gagner son pain quotidien. Mais par contre, je les triche un peu. Je fais à mon idée dans les expressions, des expressions canadiennes qui sont dans mon entourage. J’ai mon style. Mes clients en sont satisfaits sans s’apercevoir que la plupart du temps je me suis fiché de leur modèle. Mais que d’incompréhension si ça ne vient pas d’Europe, et d’Italie surtout. Ce n’est pas de l’art, surtout religieux, que les gens veulent, c’est de la copie! Nous sommes rendus à avoir des intérieurs d’église fardés à la poudre de plâtre, avec des statues maquillées au rouge à lèvre… et une architecture empruntée au style celui-ci et celui-là. Pourquoi pas, nous aussi, notre style canadien ? Pourquoi pas une sculpture avec nos expressions et nos mœurs ? Toutes ces choses sont une grande nuisance au point de vue de l’avancement de l’art.
Durant les dernières années de sa vie, notamment fasciné par la sensualité des bronzes de Rodin, il se lance assidûment dans l’exécution de nus. Il réalise par le fait même des œuvres hautement personnelles à partir de souches de mer et de branches d’arbres.
Dès ses débuts en sculpture, Médard participe à de nombreuses expositions au Québec (La Malbaie, Québec, Montréal) et en Ontario (Toronto). Il est rapidement supporté par d’influents mécènes, dont le docteur Gabriel Nadeau, le lieutenant-colonel Wilfrid Bovey, président de la Canadian Handicrafts Guild, et le directeur de l’École du meuble, Jean-Marie Gauvreau. Médard est d’ailleurs le premier sculpteur à recevoir le Grand prix d’artisanat de la province de Québec en mai 1952. En 40 ans, il a produit plus de 4000 œuvres. Il a été, ajoute Tessier, un « sculpteur de grande classe et sa production, en nombre et en qualité, le place à un bon rang dans la lignée des grands artistes du bois dont s’honore notre pays. »
Sources : Médard Bourgault, Journal, 1940 – 1967, Archives de la Côte-du-Sud, • Cynthia Pearl Maus, The World’s Great Madonas, 1947, • Angéline Saint-Pierre, Médard Bourgault, sculpteur, 1981, • Jean Simard, Les arts sacrés au Québec, 1989, • Entrevue André-Médard Bourgault, 2001, • Entrevue Raymond Bourgault, 2001.
Dans sa jeunesse, Jean-Julien Bourgault (1910 – 1996) aide pendant une saison son frère Antonio, gardien de phare au Pilier de pierre de 1926 à 1961. Il navigue ensuite entre Montréal et Terre-Neuve. Peu après, il suit des cours d’ébénisterie à Québec et travaille comme menuisier-charpentier avant d’entrer à l’atelier de son frère Médard à l’été 1931. Il est encouragé puisque dès le début ses œuvres trouvent preneurs. En 1949, il fonde son atelier personnel et poursuit énergiquement, en parallèle à sa sculpture, une entreprise d’ameublement d’églises. En 1958, suite au décès accidentel d’André, il prend la direction de l’École de sculpture. En 1967, il installe définitivement son atelier près de sa résidence où il reçoit la visite de nombreux touristes et collectionneurs qui apprécient sa conversation animée. Il sait plonger les gens dans ses récits surréalistes et dans ses aventures de marin. Tous les jours, souvent même le dimanche, il s’installe à l’établi très tôt le matin. Il n’ira dîner que lorsque l’étape amorcée sera terminée, de sorte que la sculpture le garde en haleine à son retour. Observateur hors du commun, Jean-Julien enregistre aisément les choses et les mouvements qu’il veut sculpter. Il travaille rapidement. Il n’y a qu’à se rappeler le rythme musical de sa gouge!
Durant ces années, Jean-Julien sculpte dans le bois les traces d’une culture orale qui lui est chère. Il produit une œuvre à la mesure de ses aptitudes de conteur. Il représente de nombreuses légendes, ces récits merveilleux qui alimentent l’imagination populaire et qui témoignent d’un territoire et des gens qui l’habite. Jean-Julien se spécialise dans les scènes de l’actualité populaire dans lesquelles il représente quelquefois ses congénères. Il le fait avec un humour critique qui se rapproche de la caricature et qui n’est pas sans rappeler les dessins d’Henri Julien et les personnages grotesques de Jean-Baptiste Côté. Son travail artistique, très documentaire, tient d’avantage de la chronique que de l’art folklorique. Il illustre aussi les « fêtards » et les êtres fantastiques, comme les feux follets notamment, et se plait à saisir les moments de folie, de peur et d’effroi qui s’y rapportent. Au nombre de ses personnages fétiches, on note La Malle anglaise, La Sorcière à José Baptiste, Servule Dumas et La Coureuse des Grèves. Cette dernière avait certaines des caractéristiques de la sirène. Comme le rapporte Jean-Julien, cette femme était « belle à en perdre le souffle ». Elle a vécu de nombreuses années à Saint-Jean-Port-Joli dans une pauvre cabane, seule, ne parlant à personne. On ne savait d’où elle venait. Un jour, on aurait vu un vieil homme dans une barque l’emmenant vers un navire ancré au large. Elle disparut à tout jamais. Selon ses dires, aucun homme simple, excepté ceux qui avaient été marins, ne pouvait la saisir. À l’occasion de ses voyages de chasse et de pêche, Jean-Julien dessine et développe de nouveaux sujets. Durant la saison morte, à l’automne, il s’adonne à ce qu’il nomme ses « belles pièces », comme la sculpture Les Trois Bérets par exemple. Ces sculptures, souvent les plus réussies et les plus coûteuses, se vendent rapidement. Par la même occasion, il crée des œuvres à partir de bois de grèves, de souches et de morceaux de bois déformés empilés dans ses réserves. Il réalise aussi des cannes de marche dont le manche sculpté illustre diables, oiseaux et autres personnages inusités.
Jean-Julien a été un artiste prolifique. Très prisé, il connaît peu de répit. En raison de son habileté et de la qualité de ses compositions, certains l’ont surnommé « le virtuose de la gouge ». Il a certainement contribué à populariser le nom des Bourgault sur les plans national et international. Ses œuvres se retrouvent au Canada, en Europe et aux États-Unis : institutions et places publiques, ambassades, églises, restaurants. Il a créé des pièces personnalisées à l’intention du président français Vincent Auriol, de la reine Élisabeth et de la princesse Margaret. Il a exposé à Ottawa, à Toronto, à New York et à Paris (au Louvre). En 1991, 25 000 visiteurs se sont rendus à l’exposition qu’il a réalisée à Montmagny avec l’artiste Jean-Paul Riopelle. Jean-Julien a reçu plusieurs témoignages d’appréciation et a obtenu en 1964, des mains d’André Malraux, la décoration de Chevalier de l’Ordre du mérite national du gouvernement français. Il a été ensuite décoré des titres de Grand officier de l’Ordre national du Québec (1993) et d’Officier de l’Ordre du Canada (1970).
Sources : Jean-Paul Riopelle – Jean-Julien Bourgault, Catalogue d’exposition, 1991, • Alain Laberge et al., Histoire de la Côte-du-Sud, 1993, • Angéline Saint-Pierre, André Bourgault, sculpteur, 1996, • Entrevue Gil Bourgault, 2001, • Entrevue Nicole Bourgault, 2001, • Entrevue Pierre Bourgault, 2001, • Fonds Jean-Julien Bourgault, Archives de la Côte-du-Sud.
Avant de se lancer dans la sculpture sur bois, André Bourgault (1898 – 1958) navigue pendant de longues années sur les Grands Lacs et sur le Saint-Laurent. Alors que la barge est stationnée au port de Montréal, il suit pendant un hiver des cours de peinture et de dessin au Gesù donnés par des professeurs de l’École des beaux-arts. Son frère Médard remarque ses aptitudes et, à l’automne 1931, l’incite à venir travailler avec lui et Jean-Julien à Saint-Jean-Port-Joli. En 1936, André ouvre le premier « atelier-école » et remplit d’importantes commandes. L’été, les demandes proviennent du commerce local et l’hiver, de la Canadian Handicrafts Guild (Montréal) et de la Centrale d’artisanat (Montréal). Il reçoit plusieurs stagiaires et apprentis: jeunes du village, neveux et nièces, vétérans de la Deuxième Guerre mondiale, etc. Généreux, modeste et ouvert d’esprit, il est considéré comme un excellent pédagogue.
Les œuvres d’André, essentiellement narrative et figurative, sont marquées de ses expériences de vie et de ses qualités humaines. Il privilégie la ronde-bosse aux bas-reliefs. On lui connaît peu de statues et de pièces illustrant des thématiques religieuses. Il popularise surtout les scènes de petites dimensions qui prennent place dans le quotidien des gens. Des sculptures accessibles. Il immortalise les traits de la vie québécoise du début du XXe siècle, sculptant des paysans, des mendiants, des bûcherons, des violoneux, des fileuses, des pêcheurs, ou encore des scènes du terroir et de l’actualité populaire comme la danse canadienne, l’essouchement ou les joueurs de dames. André sculpte de mémoire les individus de son entourage, les « patriarches du village », le père Louche ou Servule par exemple. « Depuis toutes ces années que je sculpte, dit-il, je n’ai jamais utilisé un modèle parce que je connais tellement ces gens. » André dessine par plaisir, question d’enregistrer ses idées. Il lui arrive parfois de tracer quelques lignes directrices sur le bloc de bois anguleux. Plus souvent, il sculpte son sujet directement, sans dessin préparatoire. Certains l’ont définit comme un improvisateur. En effet, sa méthode de travail est très animée. Il remet en question le développement de son œuvre en cours d’exécution. La matière guide le concept et n’est pas à son service. Avec quelques coups de couteaux, il ébauche les impressions les plus fugitives et les plus significatives de ses sujets. Le produit final n’en est pas moins proportionnel et bien balancé. Il a la réputation de rendre ses sculptures vivantes. « Je m’ingénie, explique t-il, à donner à chacune de mes œuvres un cachet particulier. Par exemple, mon paysan vit, marche et il est bon vivant, comme moi. Je le veux en bonne santé, solide, bien planté et fort. Mon paysan, ce n’est pas une police montée faite en série dans une fabrique, mais un homme qui a déjeuné de ses six œufs à matin… comme moi. »
En 1941, il est invité à la Maison Morgan (Montréal) à sculpter devant le public. Lors de ce passage, Adhémar Raynault, alors maire de Montréal, le reçoit à l’Hôtel de ville. Les œuvres d’André sont notamment remarquées dans diverses expositions au Québec, en Ontario et en Saskatchewan et sont acquises par de prestigieuses collections comme celle du Musée national de l’homme à Ottawa. Un engouement particulier pour la sculpture d’André provient des Canadiens et des Américains associés aux milieux politiques et des professions libérales, tels qu’avocats et médecins. Malgré la popularité de ses sculptures, André demeure relativement méconnu. Son décès prématuré explique en partie cette situation. Il faut aussi attribuer sa méconnaissance au fait qu’il est, d’une part, victime d’un incendie en 1945 qui rase son atelier, sa maison et de nombreuses sculptures. D’autre part, dans les années 60, il subit une extorsion qui lui fait perdre une fois de plus tous ses travaux, y compris ses livres, ses dessins, ses notes et ses journaux de bord. Ce patrimoine personnel disparu, André lègue néanmoins à Saint-Jean-Port-Joli sa réputation de centre santonnier du Québec. En effet, ses figurines, comparables aux santons de Provence, popularisent les Bourgault sur le plan international. De nombreux amateurs recherchent les premières statuettes qu’il peignait. André inspire de nombreux artisans au Québec et devient le modèle de ceux qui se sont lancés dans le genre après lui.
Sources : « André Bourgault, sculpteur sur bois », La Presse, 1941, • Léo Litwin, André Bourgault Woodcarver, 1951, • Alain Duhamel, Gens de bois, 1975, • Angéline Saint-Pierre, André Bourgault, sculpteur, 1996, • Entrevue Roger-André Bourgault, 2001, • Entrevue Pierre Bourgault, 2001.