Un peu d'histoire
Le 25 mai 1677, le comte de Frontenac, Louis Buade concède une seigneurie à Noël Langlois. Cette terre possède deux lieues de front, soit 14.6 km, sur autant de profondeur. Trois ans plus tard, les premiers défricheurs, Jean-Nicolas Durand et Joseph Caron s’installent de part et d’autre de la rivière Trois-Saumons.
En 1686, le plus célèbre marchand de la colonie, Charles Aubert de la Chesnaye achète la Seigneurie du Port-Joly et, vers les années 1700, débute la construction du premier manoir seigneurial. Puis, sous la gouverne de la famille Aubert de Gaspé, la seigneurie connaît des années de prospérité. L’agriculture, l’exploitation de la forêt, ainsi que la pêche, permettent de diversifier les maigres ressources des premiers colons.
Le dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871). Au printemps 1759, c’est la famine sur la Côte-du-Sud, les habitants s’apprêtent à ensemencer leurs champs lorsqu’ils sont prévenus de se préparer à l’envahissement des troupes anglaises. En septembre, les soldats anglais débarquent à Kamouraska et entreprennent leur marche destructrice vers Québec. Tout comme les villages voisins, Saint-Jean-Port-Joli est incendié; les bâtiments et les embarcations sont détruits. Ce fut la pire tragédie que connut la colonie.
Le dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) deviendra célèbre avec la publication de son roman «Les Anciens Canadiens» en 1863. L’action s’inspire de l’incendie de la Côte-du-Sud lors de la Conquête de 1759 et souligne les événements tragiques vécus par les familles de cette époque. Trois ans plus tard, Philippe Aubert de Gaspé publie ses «Mémoires».
Vie économique
À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, la pénurie des terres agricoles poussera un grand nombre de jeunes à l’exode. Ils partiront pour les villes, les paroisses de colonisation, et vers le Lac Saint-Jean, les États-Unis ou l’Ouest canadien.
Le train arrive à Saint-Jean-Port-Joli en 1858. Puis, en 1887, le premier tronçon du quai est construit. La Price Brothers exploite un moulin à scie au Trois-Saumons en 1895 et, la même année, le réseau téléphonique est installé. L’établissement d’une institution bancaire en 1905 reflète la prospérité de la paroisse. La naissance de l’industrie automobile et l’amélioration des routes en 1917 permettront l’arrivée des premiers villégiateurs francophones et anglophones. Le progrès de ces décennies engendrera le développement touristique estival.
Vie culturelle et éducation
La fondation de l’Institut littéraire en 1856 témoigne de la vitalité culturelle de la paroisse. En éducation, les Sœurs de Saint-Joseph-de-Saint-Vallier emménagent dans un couvent en 1903 et assurent l’enseignement aux enfants du village. C’est la première fondation de cette communauté d’origine française en terre canadienne.
Sculpture et métiers d'arts
Au début du XXe siècle, trois familles de Saint-Jean-Port-Joli relance les métiers d’art au Québec. L’artisanat issu de leur talent a permis de soutenir l’essor touristique de la paroisse lors de la crise des années 1930 et, conséquemment, lui a valu une réputation internationale.
Dès 1923, à la Demi-lieue, Émilie Chamard s’adonne aux travaux domestiques qu’elle vend aux touristes de passage. Professeur itinérant pendant près de 20 ans, elle parcourt la province au service du ministère de l’Agriculture, puis pour l’École des Arts domestiques. Plus tard, elle dispense son enseignement à son domicile où elle crée au métier à tisser des pièces remarquables inspirées de la flore et de la faune.
Médard Bourgault le père de la sculpture sur bois à Saint-Jean-Port-Joli Médard Bourgault est considéré comme le père de la sculpture sur bois à Saint-Jean-Port-Joli. Après quelques années en mer, en 1919, il revient dans son village où il exerce le métier de menuisier-charpentier. Pendant l’hiver, il s’initie à la sculpture sur bois. Après une dizaine d’années de recherche et de travail, Marius Barbeau, anthropologue au service du Musée national de l’Homme à Ottawa, le découvre et contribue à faire connaître son œuvre.
Médard Bourgault s’est inspiré du terroir, puis de l’art religieux pour créer ses sculptures. En 1931, il invite ses frères Jean-Julien et André à travailler avec lui. Ceux-ci pousseront encore plus loin l’art populaire emprunté notamment au quotidien des villageois et des paysans, ainsi qu’aux contes et légendes du Québec.
En 1940, le gouvernement du Québec approuve le projet initié par Jean-Marie Gauvreau, alors directeur de L’École du Meuble de Montréal, d’instituer une école de sculpture sur bois à l’atelier de Médard et Jean-Julien. De nombreux jeunes d’ici et d’ailleurs seront initiés à l’art dans l’école dirigée par les frères Bourgault.
De son côté, Eugène Leclerc se remémore sa vie de marin de haute mer, de gardien de phare, puis de menuisier sur un chantier maritime pour fabriquer des répliques de voiliers. Ses souvenirs se matérialisent par une flotte impressionnante de bateaux miniatures célèbres. L’œuvre du batelier miniaturiste évoque plusieurs siècles de navigation à voile.
Aujourd’hui, la tradition perdure. Artistes et artisans s’inscrivent dans la lignée des créateurs et contribuent à la renommée de Saint-Jean-Port-Joli comme milieu artistique exceptionnel. Au fil des ans, la peinture, la joaillerie, la céramique, l’ébénisterie, la ferronnerie et d’autres métiers d’art se sont ajoutés aux disciplines existantes. De nombreux sites, salles, musées, boutiques et restaurants assurent la visibilité des œuvres sous forme d’expositions et des événements d’envergure célèbrent la culture.